Le réseau « SHS et les enjeux de l’eau » de la Société hydrotechnique de France organise depuis octobre 2018 des séminaires sur la prise en compte des sciences humaines et sociales dans les projets d’aménagements hydrauliques et dans la gestion préventive des inondations, la gouvernance et les tensions sur l’eau. Cette année 2022 le thème général choisi porte sur « Eau et droits ». Trois aspects ont été retenus : les aspects sociologiques et juridiques des projets et politiques hydrauliques ; les droits de l’eau : histoire, inerties et remises en cause ; les enjeux socio-démographiques liés à l’eau et leurs régulations.
Le contexte dans lequel s’inscrivent les questions de l’eau (ses usages, sa gestion, la préservation de la ressource et des écosystèmes aquatiques) est marqué par des changements profonds et rapides. Le changement climatique, dans ses différentes manifestations et l’érosion de la biodiversité posent la question de la capacité des institutions et des politiques existantes à faire face à de nouveaux défis : défis sanitaires, liés notamment à la disponibilité et à la qualité de l’eau ; défis démocratiques de la gestion des conflits liés à l’eau, tant au niveau local qu’au niveau interétatique; défis démographiques, du fait de mobilités géographiques induites par des pénuries d’eau, des inondations ou des intrusions marines mais aussi défis environnementaux de la préservation de la biodiversité et des écosystèmes aquatiques...
Ce contexte sous contraintes multiples appelle donc à des innovations dans les territoires, dans les politiques publiques et dans la gestion des projets hydrauliques. Pour le réseau « sciences humaines » de la SHF ces innovations ne peuvent évidemment être exclusivement techniques, c’est la capacité d’innovation sociale, y compris normative, des sociétés contemporaines qui est sollicitée par un contexte où les signes menaçants s’accumulent. Parmi les innovations possibles et nécessaires, les innovations portants sur les règles, les normes et la gouvernance semblent particulièrement importantes. Quels droits de l’eau, quels droits à l’eau, quelle normes ou institutions seront nécessaires pour gérer les conflits et les tensions sur l’eau ? De quels enseignements - de l’histoire ou de l’étude des droits « endogènes » - avons-nous besoin pour penser le futur ? Comment construire les comparaisons et les nécessaires adaptations à des situations locales ? Comment imaginer les collaborations interdisciplinaires ou entre parties- prenantes pour élaborer des solutions nouvelles ?